résumé
GROSSMAN
Et enfin, pour t’endormir, tu feras comme moi maintenant. Tu te coucheras sur ta naïveté.
SAÏD
Merci.
GROSSMAN
Pourquoi tu as peur ? Pour avoir peur, il faut avoir quelque chose à perdre. Toi, tu t’appelles Saïd. Saïd, ça veut dire l’heureux. Tu es heureux, tu n’as rien. Profite. Tu as encore cette chance d’être libre.
Dans un immeuble banal se noue, entre Saïd, médecin fuyant l’Algérie, et Élie Grossman, autrefois ouvrier couturier, une relation qui ranime le coeur du vieil homme et celui du jeune clandestin, qu’il imagine être son neveu. Le strudel, pâtisserie d’Europe centrale est le péché mignon d’Élie. Métaphore d’un héritage douloureux et d’un passé jalonné d’échecs, le strudel est aussi le seul plaisir à la portée de ce juif octogénaire étreint par la solitude. Cette tentation sucrée lui est pourtant défendue... Consommé en cachette, puis offert à un inconnu, ce strudel deviendra le symbole du don qui ranime l’envie de vivre.
Au fil de l’intrigue émergent des bribes de vérité jusqu’à composer un puzzle où le présent est enserré par le poids du passé. Entourés de Mauricette, la concierge, et Joséphine, la chômeuse, ils apparaissent ici dans leur touchante et humaine proximité.
l'auteur
Né en 1957 en Kabylie, Yakoub Abdellatif a cinq ans lorsque ses parents quittent l’Algérie. Ses premiers écrits témoignent de la difficile quête d’identité des enfants de Harkis. Il est l’auteur d’une vingtaine de pièces, notamment Ahmed Bouffetout la gamelle et les fourchettes avec, qui le fera connaître, ainsi que La chute des anges, Vingt ans et Fatma la honte, trois autres de ses succès, puis de Ma Mère dit « Chut » (Dacres, 2017) roman dont il signe l’adaptation en bande-dessinée sous le même titre (Dacres, 2021).
